Mohammed EL IMANE
Président de l’Association Professionnelle des Ocularistes au Maroc
L’invité :
Mohammed EL IMANE, Oculariste-Epithésiste au secteur libéral, possède et exploite un laboratoire privé de réhabilitation prothétique oculaire : le laboratoire liman d’appareillage oculaire.
Titulaire du :
- Diplôme d’université de prothèse oculaire appliquée, Université Sorbonne, France ;
- Diplôme de prothèse faciale appliquée, Université Pierre & Marie CURIE, France ;
- Graduat en optique optométrie de l’Institut d’Optique Raymond Tibaut, Belgique.
Consacre ses activités à « la Contribution au développement de l’ocularisterie, selon les meilleurs standards » :
- Président de l’Association Professionnelle des Ocularistes du Maroc ;
- Membre de l’Association Européenne des Ocularistes ;
- Membre de l’International Ocularist Academy.
L’évolution de la profession d’oculariste : Formation, réglementation et perspectives d’avenir
Etat des lieux ?
La profession d’oculariste, bien que méconnue, joue un rôle essentiel dans la réhabilitation prothétique oculaire. Elle exige non seulement des compétences scientifiques et techniques pointues, mais aussi une forte dimension humaine, centrée sur le bien-être des patients. Cependant, cette profession demeure inégalement reconnue à travers le monde, tant sur le plan de la formation que de la réglementation. Etablir un état des lieux revient, à mon sens, à aborder une réflexion sur l’état actuel de l’ocularisterie, les défis auxquels elle fait face, et les perspectives d’évolution nécessaires pour harmoniser les pratiques à l’échelle internationale.
La formation en ocularisterie ?
Aujourd’hui, la formation et le statut juridique des ocularistes varient considérablement d’un pays à l’autre. Généralement, les ocularistes sont reconnus comme des professionnels de santé à part entière, avec des parcours de formation bien établis.
Plusieurs instituts renommés à travers le monde offrent des formations spécialisées en ocularisterie, contribuant ainsi à l’élévation des standards de la profession. Parmi eux :
- Sorbonne Université – France : Propose un Diplôme Universitaire en Prothèse Oculaire Appliquée, en collaboration avec le Syndicat National des Ocularistes de France ;
- College of Ocularistry – États-Unis : Un programme de formation avancée en ocularisterie, très respecté en Amérique du Nord ;
- Ocularist Association of South Africa (OASA) : Offre un programme de formation structurant la profession en Afrique du Sud ;
- Georg-August-Universität Göttingen – Allemagne : Propose des formations spécialisées en ocularisterie.
Quant à la formation au Maroc, l’association professionnelle des ocularistes du Maroc a entrepris, depuis 2018, des initiatives pour structurer cet aspect. Ces démarches incluent des collaborations avec des associations professionnelles internationales et des institutions éducatives. L’objectif principal est de créer un cadre de formation formel, aligné sur les standards internationaux, afin de garantir un niveau de compétence homogène et reconnu.
Il est à noter que La mise en place d’une formation reconnue au niveau national permettrait non seulement de professionnaliser davantage cette discipline, mais aussi d’assurer un meilleur service aux patients ayant besoin de prothèses oculaires. Ainsi, l’un des objectifs principaux de l’association reste l’harmonisation des programmes de formation à travers le monde, afin de garantir un niveau de compétence homogène.
Je signale que des référentiels de compétences, tels que le Cadre de compétences en réadaptation, établi par l’OMS, la structure de la Classification internationale type des professions (CITP-08)…, peuvent servir de base pour développer des programmes de formation adaptés aux réalités locales tout en répondant aux standards internationaux.
Qu’en est-il de la reconnaissance de la profession au Maroc ?
La réglementation de la profession d’oculariste est également cruciale pour assurer la qualité des soins et la sécurité des patients. Dans certains pays, des lois spécifiques encadrent l’exercice de cette profession, comme c’est le cas aux États-Unis, en France en Afrique du Sud… Cependant, dans d’autres pays, ce cadre réglementaire fait défaut, et la profession est souvent régie, au mieux, par les lois relatives aux dispositifs médicaux, ce qui ne répond pas entièrement aux besoins spécifiques de l’exercice de la profession.
Vision pour l’avenir ?
Pour que la profession d’oculariste puisse évoluer et être reconnue à sa juste valeur, il est essentiel de travailler sur plusieurs fronts : l’amélioration et l’harmonisation de la formation, l’adoption de réglementations spécifiques, et la promotion d’une vision claire et partagée de la profession. La mise en place de réseaux de collaboration internationale, ainsi que le développement de normes communes, sont autant de pistes à explorer.
En conclusion, Le développement de la formation en ocularisterie au Maroc est à un tournant décisif. Les initiatives privées, bien qu’essentielles, doivent être soutenues par une reconnaissance officielle et un cadre de formation structuré. L’avenir de cette profession au Maroc dépendra de la capacité des acteurs locaux et internationaux à collaborer pour mettre en place une formation de qualité, reconnue par les autorités compétentes, en vue de « Contribuer au développement de l’ocularisterie, selon les meilleurs standards ».
ILLUSTRATIONS :
Fig.1 : Prothèse Oculaire
Source : liman.ma
Fig.2 : Verre scléral
Source : liman.ma
Fig.3 : Lentille prothétique