Il est connu que 90% des acquisitions du bébé se font grâce à ce qu’il voit.

Or 1 enfant sur 7 présente une anomalie visuelle, ce qui peut entraîner un retard dans son éveil et dans son développement psychomoteur.

La vision du bébé n’a pas atteint sa maturité à la naissance. L’acuité visuelle, très faible les premiers mois, atteindra les 10/10 vers 5 ans et la vision du relief s’améliore encore jusque vers 10 ans. C’est dire que toute anomalie du système optique de l’oeil non corrigée ou toute pathologie oculaire non soignée pendant cette période sensible peuvent avoir des conséquences graves sur l’avenir visuel de l’enfant.

L’enfant malvoyant, (1% des naissances), est en général assez rapidement dépisté. Les parents s’inquiètent de ce que leur bébé ne fixe pas ses jouets et ne réagit pas à leurs sourires. Il y a retard au déplacement et retard d’éveil. Parfois, les parents remarquent des anomalies objectives : pupilles blanches (cataracte, tumeur), mouvements saccadés des yeux (nystagmus), petit oeil (microphtalmie), cornées opalescentes (taies, sclérocornée), cornée trouble associée à un oeil larmoyant (glaucome). Une consultation ophtalmologique s’impose très rapidement.

L’enfant qui louche (4% des enfants présentent un strabisme) doit être pris en charge dès l’apparition de son strabisme. En effet, le strabisme est une maladie grave. Qu’il soit important ou léger, il s’installe très vite un oeil “dominant” dont la vision va se développer normalement et un oeil “paresseux” qui reste dévié et dont la maturation de la fonction visuelle va être stoppée. Or, en général, une “loucherie” n’inquiète pas les parents qui ne voient que l’aspect esthétique du strabisme et souhaitent seulement l’intervention chirurgicale le plus rapidement possible.

Le strabisme peut être présent dès les premiers jours (strabisme congénital) ou apparaître au cours des premiers mois, ou bien encore entre 1 et 3 ans. Une incoordination intermittente entre les deux yeux est fréquente pendant les premières semaines, mais tout strabisme qui persiste après 2 mois doit être traité.

Le traitement consiste à faire travailler l’oeil paresseux en neutralisant, sous surveillance, la vision du bon oeil. Ce traitement est très efficace lorsque l’enfant est très jeune et le strabisme récent. Si le strabisme est ancien et l’enfant plus âgé, l’amblyopie -ou vision faible de l’oeil- a eu le temps de s’installer et devient rapidement irréductible malgré le port des lunettes et un traitement bien conduit. Il y a donc urgence à consulter pour un enfant qui présente un strabisme.

On obtient en effet 90% de guérison de l’amblyopie lorsque le traitement est commencé avant 2 ans, 30% seulement si le traitement intervient après 6 ans. La chirurgie, qui sera souvent nécessaire pour remettre esthétiquement les yeux droits, n’aura en effet aucune action sur la vision de l’oeil dévié qui restera amblyope toute la vie. Le strabisme est souvent héréditaire (antécédents familiaux de strabisme dans 65% des cas). Le port de lunettes, possible chez le bébé dès les premiers mois, est en général nécessaire comme support de traitement pour correction du trouble du système optique de l’oeil, prescription d’une pénalisation, d’une occlusion, totale ou partielle. Les troubles du système optique de l’oeil ou anomalies de réfraction concernent 15% des enfants, dont les strabiques. L’anomalie est le plus souvent bilatérale, mais elle peut parfois être unilatérale ou à prédominance unilatérale. Ces troubles de réfraction ont un caractère héréditaire assez marqué : ce sont l’hypermétropie, la myopie et l’astigmatisme.

>L’hypermétropie modérée (oeil trop court) est normale chez le bébé et va disparaître avec la croissance du globe oculaire. Plus élevée, elle entraîne un effort d’accommodation pour assurer la mise au point des images sur la rétine et peut alors déclencher un strabisme par excès de convergence. Accommodation et convergence interviennent en effet simultanément. L’hypermétrope voit bien de loin, mais en accommodant, d’où une fatigue visuelle et des maux de tête fréquents. Dans les familles à risque de strabisme (parents anciens strabiques, frère ou soeur strabiques) il est donc important de faire vérifier la réfraction de l’enfant dès avant 1 an.

>La myopie (oeil trop long) est rare chez le très jeune enfant. Elle apparaît le plus souvent après 9 ans, en raison de la croissance du globe, avec une grande fréquence dans les familles de myopes. En revanche, la myopie forte unilatérale est congénitale, sans facteur héréditaire. Elle entraîne une amblyopie unilatérale si elle n’est pas corrigée très tôt, d’où l’intérêt d’un examen systématique de la réfraction chez tout enfant avant 1 an. Le myope voit mal de loin mais la vision de près est respectée. L’astigmatisme est une anomalie de courbure de la cornée qui donne une vision un peu déformée. La correction optique par lunettes doit être faite vers 3 ans pour éviter une fatigue visuelle et permettre l’amélioration de l’acuité visuelle avant l’entrée en grande école. Quand faut-il consulter?

>Une pupille blanche est un signe grave de pathologie oculaire. Chez le bébé, il faut savoir qu’un larmoiement et une conjonctivite peuvent être en rapport avec une imperforation des voies lacrymales et mieux vaut ne pas attendre pour consulter un spécialiste. Un bébé qui ferme souvent un oeil, surtout au soleil, doit également être examiné. Cela peut être un signe de début d’amblyopie ou de strabisme divergent.

>Les “enfants à risque” nés prématurés, ou réanimés à la naissance, ou encore nés de parents anciens strabiques ou de parents à lunettes, doivent être examinés systématiquement par un ophtalmologiste dès l’âge de 1 an en dehors de toute anomalie évidente. Il est possible en effet de prévenir certains troubles visuels en surveillant l’enfant.

>On peut apprécier la qualité de la fonction visuelle d’un enfant dès la naissance et vérifier le développement normal de sa vision. Il n’est pas nécessaire d’attendre l’âge de la lecture pour quantifier l’acuité visuelle. Un strabisme ne disparaît jamais tout seul et il ne faut pas attendre que l’amblyopie soit installée pour consulter. En effet, 65% des enfants strabiques perdent la vision d’un oeil s’ils ne sont pas traités précocement. Par ailleurs, un enfant strabique, même opéré, n’aura jamais une bonne vision du relief (vision binoculaire) et aura des troubles de localisation spatiale : maladresse, mauvaise appréciation des distances et de la profondeur, difficulté pour suivre les lignes en lecture ou en écriture, difficulté aux jeux de ballon et, plus tard, impossibilité d’accès à certaines professions…

>En conclusion, si nous voulons assurer à tous les enfants “deux yeux pour une vie” il faut porter une très grande attention aux signes d’appel d’une éventuelle déficience visuelle et, même en absence de toute pathologie, faire examiner systématiquement la vue d’un enfant dès l’âge de 2 à 3 ans.

Les défauts visuels à contrôler chez l’enfant :

Les pathologies oculaires à dépister chez l’enfant :

Prochain article : Tout sur la santé visuelle de l’enfant . La monture

Ramadan Kariim